LAIT BIO : 3 QUESTIONS POSÉES A SAMUEL BULOT
Samuel Bulot, notre secrétaire général et vice président de la FNPL fait un état des lieux de la situation laitière et particulièrement celle en agriculture biologique. Interview réalisée par la FNPL.
Bonjour Samuel, le réseau des éleveurs t’a souvent vu pour ton implication sur les travaux DATA et ta Vice-présidence de Numagri, tu gères aussi dossier bio à la FNPL. Peux-tu rapidement nous présenter ta ferme ?
Samuel Bulot : En effet, je suis éleveur laitier bio en Côte-d'Or pas loin de Dijon, où je me suis installé sur la ferme de mes grand-parents. Mon troupeau est composé d’une soixantaine de laitières, pour la plupart de race simmental (les plus belles vaches au monde !) et d’une soixantaine de génisses laitières et croisées de type viande, que j’élève dans un système à dominante herbe sur 225 hectares.
Pour faire simple, ces dernières années, la production laitière bio a énormément progressé pour dépasser le milliard de litres de lait par an sur la France. Mais la production a progressé finalement plus vite que la consommation qui a dégringolé sous l’effet notamment de l’inflation.
La loi de l’offre et de la demande a entrainé non seulement une baisse du prix du lait bio payé aux éleveurs, et par conséquent, un reclassement du lait bio en conventionnel par les transformateurs. En revanche, les coûts de production n’ont pas baissé, bien au contraire, à l’image du conventionnel. Tout cela a entrainé une forte baisse des revenus des éleveurs bio. Nous devrions donc, comme tous les paysans bio ou autres filières en souffrance, être soutenus par les plans gouvernementaux. Pourtant, en raison de critères d’éligibilité inadaptés : comme les vaches qui regardent passer les trains, les éleveurs ont regardé passer les aides et ce n’est tout simplement pas tolérable.
En effet, mais que proposez-vous ?
Samuel Bulot : Concrètement, les lois imposent une part de bio dans la restauration collective. Le seuil fixé à 20 % n’est aujourd’hui pas respecté ! La FNPL demande donc que ce qui n’est pas dépensé en restauration collective, c’est-à-dire, d’après les estimations du Cniel, vingt millions d’euros par an, soit fléché pour soutenir les éleveurs laitiers.
Cela permettra aux éleveurs d’attendre plus facilement la reprise de la consommation de produits laitiers bio laquelle permettra une remontée des prix et une juste rémunération des éleveurs laitiers bio. Alors, le jour où la demande sera là, les éleveurs laitiers français pourront y répondre. Sinon, comme pour d’autres productions, il faudra importer : on marche sur la tête !